![](https://i0.wp.com/25.media.tumblr.com/tumblr_ktz21qL5qf1qzh8qao1_1280.jpg)
Routes of Least Surveillance | Manhattan USA Circa 2001 | via @RadicalMap
Map by SITE-R based on iSee project
Routes of Least Surveillance | Manhattan USA Circa 2001 | via @RadicalMap
Map by SITE-R based on iSee project
On doit comprendre au contraire la société de contrôle comme la société qui se développe à l’extrême fin de la modernité et ouvre sur le postmoderne, et dans laquelle les mécanismes de maîtrise se font toujours plus « démocratiques », toujours plus immanents au champ social, diffusés dans le cerveau et le corps des citoyens. Les comportements d’intégration et d’exclusion sociale propres au pourvoir sont ainsi de plus en plus intériorisés dans les sujets eux-mêmes. Le pouvoir s’exerce maintenant par des machines qui organisent directement les cerveaux (par des systèmes de communication, des réseaux d’informations, etc.) et les corps (par des systèmes d’avantages sociaux, des activités encadrées, etc.) vers un état d’aliénation autonome, en partant du sens de la vie et du désir de créativité.
Michael Hardt, Antonio Negri, Empire, Traduit de l’américain par Denis-Armand Canal, Exils Éditeur, Paris, 2000, pp. 48-49.
Picture : Reuters, School children train through the pain at a winter military camp in Ansan, South Korea, via Telegraph
Lying down for justice: The POSCO Satyagraha in pictures, 2011, via POSCO Protest in Pictures: Warren Buffet, TIAA-CREF finance Indian land grab | Food Freedom
Les droits de l’homme ne disent rien sur les modes d’existence immanents de l’homme pourvu de droits. Et la honte d’être un homme, nous ne l’éprouvons pas seulement dans les situations extrêmes décrites par Primo Levi, mais dans des conditions insignifiantes, devant la bassesse et la vulgarité d’existence qui hante les démocraties, devant la propagation de ces modes d’existence et de pensée-pour-le-marché, devant les valeurs, les idéaux et les opinions de notre époque. L’ignominie des possibilités de vie qui nous sont offertes apparaît du dedans. Nous ne nous sentons pas hors de notre époque, au contraire nous ne cessons de passer de avec celle des compromis honteux. Ce sentiment de honte est un des plus puissants motifs de la philosophie.
Gilles Deleuze, Felix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie?, Les éditions de minuit, Paris, 1991, p. 103.
Africa land grab and hunger map, Sources : International Food Policy Research Institute ; Grain ; Global Hunger Index 2008, via Crossed Crocodiles
Les droits de l’homme sont des axiomes : ils peuvent sur le marché coexister avec bien d’autres axiomes, notamment sur la sécurité de la propriété, qui les ignorent ou les suspendent encore plus qu’ils ne les contredisent : « l’impur mélange ou l’impur côte-à-côte », disait Nietzsche. Qui peut tenir et gérer la misère, et la déterritorialisation-reterritorialisation des bidonvilles, sauf des polices et des armées puissantes qui coexistent avec les démocraties? Quelle social-démocratie n’a pas donné l’ordre de tirer quand la misère sort de son territoire ou ghetto? Les droits ne sauvent ni les hommes ni une philosophie qui se reterritorialise sur l’Etat démocratique. Les droits de l’homme ne nous feront pas bénir le capitalisme. Et il faut beaucoup d’innocence, ou de rouerie, à une philosophie de la communication qui prétend restaurer la société des amis ou même des sages en formant une opinion universelle comme « consensus » capable de moraliser les nations, les Etats et le marché*.
Gilles Deleuze, Felix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie?, Les éditions de minuit, Paris, 1991, p. 103.
* Sur la critique de « l’opinion démocratique », son modèle américain, et les mystifications des droits de l’homme ou de l’Etat de droit international, une des plus fortes analyses est celle de Michel Butel, L’Autre journal, n° 10, mars 1991, p. 21-25.
« Un homme de 57 ans, fonctionnaire de France Télécom – Orange, s’est suicidé […] », Photo : AFP, 2008, France, via Metro