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même race

août 4, 2012

Car il faut immédiatement dire, s’agissant de l’œuvre d’art totale et du nazisme, pourquoi les interprétations — de Hans Jürgen Syberberg, Werner Hofmann et Jean Clair — de l’État national socialiste comme œuvre d’art totale sont faibles : parce qu’elles ignorent que ni l’art ni l’État n’étaient pour Hitler et les nazis une fin en soi. Hitler l’avait pourtant énoncé très clairement dans Mein Kampf : l’État, affirmait-il, n’était qu’un « moyen de parvenir à un but », et ce but était « de maintenir et de favoriser le développement d’une communauté d’êtres qui, au physique et au moral, sont de la même race [ Art ] »*. Et c’était cette conception de l’État völkisch ou raciste qui faisait que la tâche de l’homme d’État était communément identifiée par tous les dirigeants à celle d’un artiste — non pas du tout d’un « artiste de l’État », ni du paysage allemand, comme l’écrit Syberberg, mais bien d’un artiste du peuple, ou de la race. Une fois arrivé au pouvoir, Hitler le redira d’ailleurs inlassablement : « Le plus grand miracle de notre époque est probablement que les immeubles s’élèvent, que les usines fonctionnent à nouveau, que les rues soient tracées et les gares ferroviaires construites, mais au-dessus de tout cela s’érige un nouvel homme allemand. »** Il répétait encore, devant les travailleurs rassemblés en 1934 pour le congrès de Nuremberg, que ce qui donnait « son sens le plus profond au programme » du Parti, c’était « la formation [ Bildung ] d’un véritable communauté du peuple et de la foi en celle-ci »***. La véritable œuvre d’art totale du nazisme était incontestablement le peuple allemand, désigné tantôt comme « l’Aryen » et tantôt comme la « race germano-nordique ».
Éric Michaud, « Œuvre d’art totale et totalitarisme », in L’œuvre d’art totale, Paris, Musée du Louvre / Gallimard, 2003, p. 61.
* Adolf Hitler, Mein Kampf (1925 et 1927 pour la 1er  éd. en deux tomes), Munich Franz Eher, 1940, p. 435 et 433 ; Mon Combat, trad. J. Gaudefroy-Demombynes et A. Calmettes, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1934, p. 393 et 391.
** Cité par Robert A. Pois, La religion de la nature et le national-socialisme, trad. Jennifer Merchant et Bernard Frumer, Paris, éd. d Cerf, 1993, p. 127 (je souligne).
*** Adolf Hitler, Der kongress zu Nürnberg vom 5. bis 10. September 1934, Munich, Franz Eher, 1935, p. 110.Mein Kampf

cloche

juillet 19, 2012

 Des cloches tout à coup sautent avec furie

 Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,

 Ainsi que des esprits errants et sans patrie

 Qui se mettent à geindre opiniâtrement*.

Comme les hommes, les cloches qui, autrefois, annonçaient les jours de fête sont exclues, elle aussi, du calendrier. Elles ressemblent aux pauvres âmes, qui s’agitent beaucoup mais n’ont pas d’histoire. Si Baudelaire, avec le spleen et avec la vie antérieure, tient en mains les fragments disjoints de la véritable expérience historique. « Le métaphysicien Bergson passe la mort sous silence**. » Parce qu’elle ne fait aucune place à la mort, la durée bergsonienne se coupe de tout ordre historique (et préhistorique). L’idée d’action chez Bergson est pareillement évacuée. Le « bon sens » qui distingue « l’homme d’action », a tenu sa pensée sur les fonts baptismaux***. Une fois la mort exclue, la durée présente le mauvais infini de l’ornement.

Walter Benjamin, « Sur quelques thèmes baudelairiens », in Œuvres III, Trad. de l’allemand par Maurice de Gandillac, Rainer Rochliz et Pierre Rusch, Paris, Gallimard, 2000 (1939), pp. 377-378.

* Charles Baudelaire, « Spleen », in Œuvres, t. I, p. 88 [Œuvres complètes, t. 1, 1975, p. 75].

** Marx Horkheimer, « Zu Bergsons Metaphysik des Zeit », Zeitschrift für Sozialforschung, n°3, 1934, p. 332.

*** Henri Bergson, Matière et Mémoire, op. cit. [voir ci-dessus n.2, p. 331 ], p. 166 sq. [Œuvres, op. cit. (n. * après n. 1, p. 371), p. 294].

juin 20, 2011

Victor Brauner, Hitler, 1934, via nakonxipan

décembre 28, 2010

John Heartfield, “Der Reichsbischof richtet das Christentum aus.” “He, der Mann da, das Kruzifix etwas weiter nach rechts!”, AIZ N°3, 18 Jan 1934, via imagebank.vulture-bookz.de

décembre 20, 2010

John Heartfield, The cross was not heavy enough, 1934, via www.robertlpeters.com