Posts Tagged ‘bras’

rire

juillet 13, 2012

Les expériences sur le communicationnel chez le nouveau-né sont particulièrement probantes. Petit mammifère voué contrairement aux autres à une quasi-immobilité prolongée, l’enfant est semble-t-il, suspendu aux odeurs maternelles (sein, cou…), mais aussi aux mouvements du regard. Au cours de l’exercice de pilotage de la vue qui consiste à tenir dans ses bras, à hauteur du visage, en face à face, un enfant de trois mois environ et à le faire pivoter légèrement de droit à gauche puis de gauche à droite, les yeux de l’enfant « riboulent » dans le sens inverse, comme l’avaient parfaitement observe les fabricants des anciennes poupées de porcelaine, simplement parce que le nouveau-né ne veut pas perdre de vue le visage souriant de la personne qui le tient. Cet exercice d’élargissement du champ visuel est ressenti par l’enfant comme très gratifiant, il rit et veut que ça continue. Il s’agit bien là de quelque chose de fondamental, puisque le nouveau-né est en train de former une image communicationnelle durable, à partir de la mise en mouvement de son regard. Comme disait Lacan, communiquer ça fait rire et l’enfant est alors dans une position idéalement humaine.

Paul Virilio, La machine de vision, Paris, Galilée, 1988, p. 26.

standardisation du regard

novembre 25, 2011

Quand à Jacques-Henri Lartigue, qui appelait son objectif l’œil de sa mémoire, il n’avait même plus besoin de viser pour photographier, il savait sans avoir ce que verrait son Leica même s’il le tenait à bout de bras, l’appareil se substituant à la fois aux mouvement de l’œil et aux déplacements du corps.

La réduction ds choix mnésiques, créée par cet état de dépendance par rapport à l’objectif, allait devenir le nodule où se formera la modélisation de la vision et, avec elle, toutes les formes possibles de standardisation du regard.

Paul Virilio, La machine de vision, Paris, Galilée, 1988, p. 39.

décembre 28, 2010

Otto Dix, Streichholzhändler I (Le marchand d’allumettes I), 141,5 x 166 cm, 1920, Galerie de la ville de Stuttgart, via hjg-sim.de

uriner

décembre 28, 2010

Le marchand d’allumettes qu’il représente en 1920 est un pauvre type, que la guerre a perforé de balles, un estropié qui n’a pas de pieds, pas de bras et, comme si cela ne suffisait pas, il n’a plus d’yeux. Les passants qui circulent en toute hâte sans y prendre garde, ne connaissent que trop ce genre d’individus, et si un teckel s’intéresse à lui, c’est uniquement pour uriner.

Rainer Metzger, Berlin les années vingt, Hazan, 2006, p. 111.