Posts Tagged ‘cri’

octobre 26, 2011

Edvard Munch, Le Cri, Tempera sur carton (une des quatre versions), 83,5 × 66 cm, 1893, Musée Munch, Oslo.

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The Scream – Edvard Munch, 1893

cri

octobre 26, 2011

Mais si le portrait, de son côté, est bien une forme d’expression qui correspond à la forme de contenu « tête penchée », il n’en est plus de même du son. Ce qui intéresse Kafka, c’est une pure matière sonore intense, toujours en rapport avec sa propre abolition, son musical déterritorialisé, cri qui échappe à la signification, à la composition, au chant, à la parole, sonorité en rupture pour se dégager d’une chaîne encore trop signifiante. Dans le son, seule compte l’intensité, généralement monotone, toujours asignifiante : ainsi, dans le Procès, le cri sur un seul ton du commissaire qui se fait fustiger, « il ne semblait pas venir d’un homme, mais d’une machine à souffrir »*. Tant qu’il y a forme, il y a encore reterritorialisation, même dans la musique.

Gilles Deleuze, Félix Guattari, Kafka pour une littérature mineure, Paris, Les Éditions de minuit, 1975, p. 12.

* Apparitions multiples du cri chez Kafka : crier pour s’entendre crier – le cri de mort de l’homme à la boîte fermée -. « Brusquement je poussai un cri. Rien que pour entendre un cri auquel rien ne répond en lui ôtant de sa force et qui, sans contrepartie, s’élève alors sans fin, même après s’être tu… » (Contemplations).

La nuit

décembre 28, 2010

Juste après-guerre, Max Beckmann sondait déjà la réalité avec des mises en scène choquantes comme par exemple dans La nuit de 1919. La nuit jette regard impitoyable dans une pièce saisie par l’horreur. On distingue un groupe d’hommes, dans lequel chacun torture son prochain les membres des corps sont contorsionnés et les traits du visage déraillent, mais ce qui est véritablement troublant, c’est la tranquille normalité dans laquelle s’inscrivent ces sinistres agissements. L’homme au centre de la peinture porte un bandage à la tête et s’emploie en même temps à tordre le bras d’une pauvre créature dont la bouche grande ouverte laisse échapper un cri ; mais cet homme au centre, qui cumule les fonctions de victime et de tortionnaire, montre encore un troisième facette car il fume sa pipe avec une délectation extrême. C’est comme si cette «nuit» pouvait se reproduire toutes les nuits.

Rainer Metzger, Berlin les années vingt, Hazan, 2006, p. 110-111.