Le premier objectif de l’école était de sauver tous les arts de l’isolement dans lequel chacun d’eux — prétendait-on — se trouvait et d’inciter les artisans, les peintres et les sculpteurs de l’avenir à créer des projets combinant tous leur talents. Ces projets seraient des constructions car, ainsi que le déclarait la première phase du Manifeste, « L’objectif suprême de toute activité créatrice est l’architecture. » Le deuxième objectif était d’élever le statut de l’artisanat au même niveau que celui des « beaux-arts ». « Il n’y a pas de différence essentielle entre l’artiste et l’artisan, proclamait le Manifeste. L’artiste est un artisan exalté… Créons donc une nouvelle guide d’artisans sans les distinctions de classe qui dressent une barrière honteuse entre l’artisan et l’artiste.»
Le troisième objectif, moins clairement défini que les deux premiers, mais qui prit de plus en plus d’importance dans la vie du Bauhaus, était d’établir « un contact constant avec les dirigeants des métiers manuels et des industries du pays ». Ce n’était pas seulement un acte de foi, mais une question de suivie économique. Le Bauhaus espérait se libérer progressivement de la dépendance des subventions publique en vendant ses produits et ses créations au public et l’industrie. En même temps, le contact avec le monde extérieur éviterait à l’école de s’enfermer dans une tour d’ivoire et préparerait ses étudiants à la vie.
Frank Whitford, Le Bauhaus, Traduit de l’anglais par Catherine Ter-Sarkissian, Thames & Hudson, 1989, pp. 11-12.