Posts Tagged ‘torture’

août 7, 2012

Combat is not a judgment of God, but the way to have done with God and with judgment. No one develops through judgment, but through a combat that implies no judgment. Existence and judgment seem to be opposed on five points: cruelty versus infinite torture, sleep or intoxication versus the dream, vitality versus organization, the will to power versus a will to dominate, combat versus war. What disturbed us was that in renouncing judgment we had the impression of depriving ourselves of any means of distinguishing between existing beings, between modes of existence, as if everything were now of equal value. But is it not rather judgment that presupposes preexisting criteria (higher values), criteria that preexist for all time (to the infinity of time), so that it can neither apprehend what is new in an existing being, nor even sense the creation of a mode of existence? Such a mode is created vitally, through combat, in the insomnia of sleep, and not without a certain cruelty toward itself: nothing of all this is the result of judgment. Judgment prevents the emergence of any new mode of existence. For the latter creates itself through its own forces, that is, through the forces it is able to harness, and is valid in and of itself inasmuch as it brings the new combination into existence. Herein, perhaps, lies the secret: to bring into existence and not to judge. If it is so disgusting to judge, it is not because everything is of equal value, but on the contrary because what has value can be made or distinguished only by defying judgment. What expert judgment, in art, could ever bear on the work to come? It is not a question of judging other existing beings, but of sensing whether they bring forces to us, or whether they return us to the miseries of war, to the poverty of the dream, to the rigors of organization. As Spinoza had said, it is a problem of love and hate and not judgment; ‘my soul and body are one….What my soul loves, I love. What my soul hates, I hate….All the subtle sympathizings of the incalculable soul, from the bitterest hate to passionate love.’ This is not subjectivism, since to pose the problem in terms of force, and not in other terms, already surpasses all subjectivity.

Gilles Deleuze, To Have Done With Judgment (via neutralnatura)

décembre 28, 2010

illustrality:

theshipthatflew:

Max Beckmann, The Night, 1918-19, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Dusseldorf

La nuit

décembre 28, 2010

Juste après-guerre, Max Beckmann sondait déjà la réalité avec des mises en scène choquantes comme par exemple dans La nuit de 1919. La nuit jette regard impitoyable dans une pièce saisie par l’horreur. On distingue un groupe d’hommes, dans lequel chacun torture son prochain les membres des corps sont contorsionnés et les traits du visage déraillent, mais ce qui est véritablement troublant, c’est la tranquille normalité dans laquelle s’inscrivent ces sinistres agissements. L’homme au centre de la peinture porte un bandage à la tête et s’emploie en même temps à tordre le bras d’une pauvre créature dont la bouche grande ouverte laisse échapper un cri ; mais cet homme au centre, qui cumule les fonctions de victime et de tortionnaire, montre encore un troisième facette car il fume sa pipe avec une délectation extrême. C’est comme si cette «nuit» pouvait se reproduire toutes les nuits.

Rainer Metzger, Berlin les années vingt, Hazan, 2006, p. 110-111.

décembre 12, 2010

via www.clarepolitics.co.uk

vampirisme sociale

décembre 12, 2010

Thanatos mène la danse macabre. Tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins : ici napalm, balles dans la nuque, tortures, nettoyage ethnique, viols, égorgements, mitraillages, famines, là camisoles, de force, électrochocs, lobotomie, camisoles chimiques, hypnose, ésotérisme, occultisme, intégrismes religieux, magie, sectes, sorcellerie, envoûtements, clonages, reproduction de l’espèce en éprouvettes, effacement du réel au profit du virtuel, irréalisation de la mort par les images télévisuelles. Relisons d’Artaud-Mômo est cette protestation contre une possession (et dépossession) mondiale, contre une vampirisme sociale. “Vous vous croyez seul, ce n’est pas vrai, vous êtes une multitude, vous vous croyez votre corps, il est un autre…” “Ça va mal, ça va très mal, ça va épouvantablement mal, pourquoi? parce que la vie telle qu’on la voit n’est pas vraie, elle est une illusion.” “On ne me pissera pas éternellement sur la gueule (…) Mon cerveau n’est pas un bidet pour que des cargaisons de partouzards nocturnes viennent s’y laver le ventre et l’anus.

Jacques Henric, Ne laissons pas les morts enterer les vivantsImage et politique, Colloque sous la présidence Paul Virilio, Actes sud/AFAA, 2007, p. 155.

décembre 11, 2010

Camp X-Ray, Guantanamo, 2002, via upload.wikimedia.org

décembre 11, 2010

photographie rapportée par Louis Carpeaux, Supplice Chinois (凌遲 lingchi : cent morceau) de Fou-Tchou-Li, 10 avril 1905, via Angoissant – Georges Bataille

prison d’Abou Ghraib

novembre 9, 2010

Les photo faites par des militaires américains de prisonniers humiliés et torturés dans la prison d’Abou Ghraib ont choqué le monde entier. Pour quelle raison? Et quelles conséquences peut-on en tirer?

Ces photos révélaient non seulement que cette armée utilisait la torture en Irak, mais surtout que, dans certains cas, des soldats la mettaient en scène, en spectacle et en image. Était-ce nouveau? Dans un certain sens, non, car la torture existe depuis des millénaires. Dans un autre sens, oui, car, non seulement la torture était photographiée par ses acteurs, mais surtout, pour la première fois, de telles photos étaient diffusées par le Net et sur le Net ; ce dernier point est important ; éclairons-le.

La nouveauté de ces photos est triple. Premièrement, ce sont des photos qui se donnent au départ comme preuve de la torture, non pour la dénoncer, mais pour en rire et en-faire rire les amis du tortionnaire photographie ; ces photos fonctionnent selon la logique barthésienne du «ça a été», voire peut-être du «ça a été joué»* : la question soulevée par le New York Times du 11 mars 2006 du vrai-faux prisonnier d’Abou Ghraib, Ali Shalal Qaissi, en est un signe : peut-on être sûr de la véracité totale du témoignage produit par ces photo? Ce n’est pas tant la réponse à cette question qui importe que l’existence même de cette question, de ce doute, de ce soupçon. Deuxièmement, c’est via et sur le Net à des fin privées que ces photos circulaient. Troisièmement, c’est ainsi que ces photos furent connues publiquement : par un effet possible d’Internet, ces images changeaient de statut, glissaient du terrain privé au terrain public et politique.

François Soulages, Politiques de la photographie du corps, Klincksieck, 2007, p. 9-10.

*François Soulages, Esthétique de la photographie, Paris, Armand Colin, 4e éd., 2005.